La Chine part en guerre contre les bâtiments laids

Pour la douzième année consécutive, la Chine lance son “Élection annuelle du bâtiment le plus laid”. Un événement pour le monde de l’architecture qui peut paraître loufoque, mais qui touche en réalité un sujet sensible dans l’empire du Milieu. Explications.

 

Qu’est qu’un bâtiment “laid” ?

 

Jusqu’en novembre 2021, les internautes du monde entier peuvent participer à l’élection du bâtiment le plus laid de Chine. Les édifices sont jugés sur 9 critères principaux parmi lesquels :
• Leur fonctionnement ;
• Leur intégration dans l’environnement ;
• Leurs ressemblances avec d’autres bâtiments (plagiat).

A l’origine de cette élection pour le moins étonnante ? Le site Archcy, qui organise depuis 2010 cet événement en ligne mettant, chaque année, plusieurs dizaines de milliers d’internautes à contribution.

Les votes, fermés en décembre prochain, permettront la sélection de 90 bâtiments, choisis par les internautes du monde entier. En lice : des constructions aux couleurs criardes, aux associations improbables, aux structures ubuesques et aux dimensions extravagantes. Un jury, composé d’architectes, d’universitaires et de critiques, sera ensuite chargé de choisir les 10 édifices les plus laids du territoire.

A ce jour, le bâtiment ayant reçu le plus de voix (10501) est l’audacieuse Tour de Pont de Verre de la montagne Jiuhuangshan à Mianyang, dans le Sichuan. En troisième place, avec 2945 voix, on retrouve une extravagante église en forme de violon située près de la ville de Foshan.

 

Sous couvert d’humour, une initiative éco-responsable pour le monde de l’architecture ?

 

Si la mise en place d’une telle élection peut faire sourire et paraître futile, la démarche se veut en réalité éco-responsable. Une vraie bonne nouvelle pour les architectes, mais aussi pour les citoyens chinois. L’événement annuel fait en réalité écho à la vaste politique du Président Xi Jinping qui souhaite limiter les constructions chinoises coûteuses, hautes et gourmandes en énergie. En 2020, Xi Jinping a en effet interdit la construction d’édifices de plus de 500 mètres et annoncé la priorisation des bâtiments “convenables, économiques et beaux”.

Le site Archcy précise d’ailleurs sur son site que ce concours vise à “susciter la réflexion des gens sur la beauté et la laideur de l’architecture et à renforcer le sens de la responsabilité sociale des acteurs de l’industrie de la construction”. En bref, un vaste et beau chantier.